mercredi 7 janvier 2009

Pour rappel : La vision pasolinienne de l'Orestie

Photobucket

« Vous connaissez tous la trame de l’Orestie d’Eschyle ?

Je la rappelle en quelques mots : Nous sommes à Argos, la ville du roi Agamemnon, qui revient
de Troie où il était allé combattre. Sa femme Clytemnestre l’attend, mais elle est tombée amoureuse d’un autre homme, Egisthe. Elle l’attend donc avec l’intention de l’éliminer, de le tuer. Agamemnon arrive dans la ville avec son armée, en loques, épuisé, à bout de forces. Par ruse, Clytemnestre le tue. C’est en vain que Cassandre, l’esclave qu’Agamemnon avait ramenée de Troie avec lui, prophétise cet atroce homicide.
Agamemnon et Clytemnestre ont deux enfants : Oreste et Electre. Electre assiste au meurtre, Oreste est loin de sa patrie. Plus tard, quand il a vingt ans, il revient à Argos, rencontre Electre en secret sur la tombe d’Agamemnon et ils décident ensemble de se venger.

Oreste se présente déguisé à la cour d’Argos, fait tomber sa mère Clytemnestre dans un piège.
Il la tue sauvagement.

Mais à peine le meurtre accompli, voici que se présentent devant lui les Furies, les Erinyes, les déesses de la terreur atavique, ancestrale. Oreste s’enfuit. Le dieu Apollon le protège et lui conseille de s’en remettre à la déesse Athéna, emblème de la démocratie et de la raison, c’est à- dire de la nouvelle cité d’Athènes.

Athéna décide d’aider Oreste, mais pas de l’aider, disons, du haut de sa condition de déesse. Elle veut l’aider en le soumettant au jugement des autres hommes. Elle instaure ainsi le premier tribunal humain. Et ce tribunal humain, enfant de la démocratie et de la raison, innocente Oreste.

Les Furies, déesses de la terreur ancestrale, sont transformées par Athéna en déesses – disons des rêves, de cet irrationnel qui subsiste au côté de la démocratie rationnelle du nouvel Etat. »

P. P. Pasolini
Source : Extrait du documentaire Carnet de notes pour une Orestie Africaine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire