mercredi 7 janvier 2009

Notes d'intention

Cet ensemble, artistique et philosophique, est né de la matrice d’un laboratoire de recherches autour de « l’Orestie d’Eschyle », que la metteurE en scène et dramaturge, Barbara Bouley-Franchitti ouvre, à Paris, en mars 2005.

Ce laboratoire et les essais artistiques qu’il a su génèrer, est porté par la compagnie UN EXCURSUS. En France et en Italie, plus de cinquante personnes (artistes, techniciens, auteurs, universitaires, traducteurs et philosophes) ont enrichi de leurs réflexions ces traversées. Notre laboratoire est labellisé « 2008 année européenne du dialogue interculturel » et subventionné par la Région Ile de France. Il a été accueilli dans plusieurs lieux où nos traversées ont été présentées à un public de plus en plus nombreux.
Exemples : Traversée 2 a été expérimentée au Studio-théâtre de la Comédie Française en mai 2006 et Traversée 3 à l’Institut National de Drame Antique de Syracuse en mai 2008 et au Cinéma le nouveau Latina à Paris en mai 2009.

Ces traces accumulées de notre itinérance avec l'oeuvre du poète Eschyle, sous le regard de Pier Paolo Pasolini sont l'expression poétique de réflexions autour du lien originel entre théâtre antique et politique et de nos questionnements contemporains autour de la démocratie (en particulier sur les conséquences pour nos sociétés occidentales de la disparition des furies , ces déesses protectrices de la famille, de l'hospitalité et de la nature).

Nos traversées sont proposées, en français et en italien, en accompagnement d'un spectacle pluridisciplinaire (en cours d'élaboration) qui restituera au public, lors de la saison 2010-2011 l'ensemble de ce programme de recherche : 

L'ORESTIE EN QUESTIONS

Des Euménides à Plaidoyer pour les furies


Bipolarité

La forme de TRAVERSEES 1, 2, 3 est bipolaire :
Un pôle artistique démultiplié où se côtoie les mots, les gestes, et les chants (l’organique) ainsi que les techniques nouvelles (les sons et les images).
Un pôle théorique et critique : organisation de débats, de tables rondes et/ou de projections -réflexions.

C’est de cette confrontation bienveillante inédite, entre art et philosophie, sur ce texte théâtral fondateur de notre démocratie que naîtront, nous l’espèrons, le questionnement, la rencontre, voire le débat. Chaque traversée porte en elle la possibilité du débat mais aucune n’est annoncée comme telle. Nous ne souhaitons nullement devenir les présidents d’une séance-débat. Seule la voix du peuple est prophétique. Le débat ne peut être décrété par la volonté d’un infime noyau et nous déplorons que ce pilier de la démocratie devienne jour après jour, sous nos yeux, un simulacre qui prend systématiquement comme modèle le débat télévisuel. Le débat autour des questions de démocratie ne pourra jaillir que du profond désir d’une assemblée où chaque citoyen sait le rôle qu’il y joue.

Dans le détail

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Forme de traversée 1
Au cours d’un banquet (festif et cogitif), un groupe de lecteurs « franco-italiens », donne a entendre au public quelques morceaux choisis de cette traduction particulière de l’Orestie : L’Orestiade.
Des textes politiques et des interventions de « spécialistes » permettent de mieux entrer dans le contexte historique de l’oeuvre (Italie 1960).
Les lectures proposées sont ponctuées de chants, de danses et de projections vidéos.




















Forme de traversée 2
Pier Paolo Pasolini nous dévoile dans son PYLADE, le jeu des alliances inorganiques des personnages antiques de l'ORESTIE qui constituent les fondements de nos systèmes politiques.
C'est une lecture (quasi intégrale), à 8 voix, de cette pièce que nous vous proposons ici ; une lecture scénographiée constituée d'images vidéos et de notes dramaturgiques écrites par Barbara Bouley-Franchitti.
Pour Pylade, "Mise en bouche" et "Mise en espace" sont des dispositifs mieux adaptés qu’une mise en scène, qui risquerait de brouiller les pistes, déjà denses, de cette pièce.

Résumé : Oreste, le matricide revient à Argos métamorphosé par son passage à Athènes où il a assisté à la naissance du premier tribunal humain, enfant de la démocratie et de la raison, qui l'a absout de son crime. Il y retrouve les Furies, sa soeur Electre et son meilleur ami Pylade. Une confrontation d'idées s'engage sur les questions de pouvoir et les formes de gouvernance : Fascisme, Démocratie ou Révolution de gauche qui ne porte pas encore de nom ?

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Forme de traversée 3 (en partenariat avec CARLOTTA FILMS)
Cette troisième traversée propose aux spectateurs de visionner deux documentaires sur l'Orestie d'Eschyle : "Carnets de notes pour une Orestie Africaine de Pier Paolo Pasolini "(1970), "Et maintenant la quatrième partie de la trilogie commence" (une traversée de l'Orestie sous le regard de Pier Paolo Pasolini).
Ce film réalisé par Barbara Bouley-Franchitti est l'expression visuelle sous la forme d'un mémoire cinématographique de la matière philosophique et artistique développée dans les laboratoires ODI.
C'est à la fois un hommage aux furies antiques (Erinyes de la trilogie d’Eschyle) et contemporaines (grand-mères de la place de mai en Argentine, mères en deuil) en lutte non-violente contre la posture vorace, et guerrière du pouvoir patriarcal conquérant et à la fois un manifeste poétique anti-guerre.
Pour plus d'informations : blog du film
Ces deux documentaires peuvent être accompagnés de débats autour de différentes thématiques comme l'Orestie et l'Afrique (avec la participation d'intellectuels africains), sur Pasolini et sur le film de Barbara Bouley-Franchitti.
Pour plus d'informations : blog l'Orestie et Pasolini : une métaphore politique

Pour rappel : La vision pasolinienne de l'Orestie

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« Vous connaissez tous la trame de l’Orestie d’Eschyle ?

Je la rappelle en quelques mots : Nous sommes à Argos, la ville du roi Agamemnon, qui revient
de Troie où il était allé combattre. Sa femme Clytemnestre l’attend, mais elle est tombée amoureuse d’un autre homme, Egisthe. Elle l’attend donc avec l’intention de l’éliminer, de le tuer. Agamemnon arrive dans la ville avec son armée, en loques, épuisé, à bout de forces. Par ruse, Clytemnestre le tue. C’est en vain que Cassandre, l’esclave qu’Agamemnon avait ramenée de Troie avec lui, prophétise cet atroce homicide.
Agamemnon et Clytemnestre ont deux enfants : Oreste et Electre. Electre assiste au meurtre, Oreste est loin de sa patrie. Plus tard, quand il a vingt ans, il revient à Argos, rencontre Electre en secret sur la tombe d’Agamemnon et ils décident ensemble de se venger.

Oreste se présente déguisé à la cour d’Argos, fait tomber sa mère Clytemnestre dans un piège.
Il la tue sauvagement.

Mais à peine le meurtre accompli, voici que se présentent devant lui les Furies, les Erinyes, les déesses de la terreur atavique, ancestrale. Oreste s’enfuit. Le dieu Apollon le protège et lui conseille de s’en remettre à la déesse Athéna, emblème de la démocratie et de la raison, c’est à- dire de la nouvelle cité d’Athènes.

Athéna décide d’aider Oreste, mais pas de l’aider, disons, du haut de sa condition de déesse. Elle veut l’aider en le soumettant au jugement des autres hommes. Elle instaure ainsi le premier tribunal humain. Et ce tribunal humain, enfant de la démocratie et de la raison, innocente Oreste.

Les Furies, déesses de la terreur ancestrale, sont transformées par Athéna en déesses – disons des rêves, de cet irrationnel qui subsiste au côté de la démocratie rationnelle du nouvel Etat. »

P. P. Pasolini
Source : Extrait du documentaire Carnet de notes pour une Orestie Africaine